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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 23:55

                               Syndromes de l’Est

                                     (Chroniques de voyage  -  blog-notes n°45)

 

         Quand on l’utilise au sens figuré, le mot ‘Syndrome’ signifie: «Ensemble des signes révélateurs d’une situation jugée mauvaise». Loin de moi de vouloir à tout bout de champ et à tout prix blâmer «la branche  dont je suis issu» et que j’ai dû quitter à l’âge de 24 ans. Mais je ne veux pas pour autant fermer les yeux, faire «comme si de rien n’était» lorsque j’y observe des faits qui me choquent, que je trouve contraires à la nature des choses et qui m’inquiètent par leur caractère infectieux, que l’on peut éventuellement «exporter» ailleurs, au risque de gâcher la qualité de la vie d’autres contrées, notamment celle de l’hexagone de chez nous. Ils ont été admis au sein de l’Union Européenne, après tout. Avec la libre circulation à l’intérieur de l’UE, il y a danger de propagation de germes dangereux. Je suis encore allergique aux relents de la dictature qui ont empoisonné ma jeunesse. Et ici, bientôt 20 ans après l’écroulement du «mur», je découvre trop souvent un mélange inadmissible des restes de l’ancien régime communiste et d’un hyper libéralisme effréné. Car en réalité, ceux de la nomenklatura honnie n’ont pas «dégagé» le terrain mais, profitant de leurs privilèges, ils ont occupé les domaines clés de l’économie. Ensuite, revenus «démocratiquement» au pouvoir par des méthodes plus que suspectes, ils l’exercent, ce pouvoir, à leur profit exclusif, avec un cynisme qui frise l’insolence. Des escrocs riches à milliards (d’euros, s.v.p!) dont ils ne pourraient prouver la provenance honnête,usent et abusent de leur situation, avec la certitude de l’impunité. Les politiciens en place les «couvrent» et l’opacité est omniprésente en tous domaines. Des scandales financiers étouffés, aucun responsable jamais poursuivi, d’éminents analystes financiers et politiques tombent d’accord que cette contrée est le pays des «non-lieux».

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30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 20:06

           L’ami qui a renoncé à la conquête de l’Occident…

                                            (Chroniques de voyage  -  N°44)

 

            Petite bande sympa, à Strasbourg: du «Château de Pourtalès», Nyùl le rouquin, Egervàri, le «théâtreux» en herbe, Karès l’aristo, Alex le blond, Babo le danseur, Paul le «doux dingue». La base, Mai ’57: le «Cheval blanc», près de la«Vielle France». Pichta nous rejoint, fin août, avec Attila dans son sillage. Maman et mon frangin arrivent de Vienne, en octobre, «l’équipe» est au complet. Papa Krauze nous installe dans la «piaule», au-dessus de son magasin, Grand’rue. Ce lieu devient notre quartier général. Maman nous prépare la tambouille dont on partage les frais et on se retrouve chaque jour ensemble dans la grande cuisine. Attila y réclame sans cesse soit son télégramme soit sa lettre recommandée. Il suit les cours du Centre Dramatique de l’Est. On fait une escapade mémorable, en scooter, à Megève, pour le plaisir. Au retour, «un crochet» vite fait par Genève… Deux ans plus tard, changement de lieu. Ma chambre d’étudiant à Neuilly, square Perronet. Je l’héberge, «en douce». C’est la «dèche» totale. 2 baguettes et 2 litres de lait par jour pour la bouffe, plus «le mélange deux temps» à mettre dans ma «Lambretta», pour sillonner Paris à la recherche de boulot: de la figuration dans des films. Je trouve un job à la télé, lui fait les théâtres aux quatre coins de France et de Navarre. On ne se voit plus guère. Il reste des cartes postales, de temps à autre. Une des dernières, du côté de Neufchâtel, en Suisse. Quelque temps après j’apprends, avec stupeur, qu’il est retourné en Hongrie. Déception, chagrin d’amour, décision hâtive. On se revoit quand je suis de passage. Marié et divorcé deux fois, Attila est à la retraite. Qui sait ? Son fils Zoltàn, depuis des années à la Nouvelle Zélande, est-ce peut-être lui qui réalisera le rêve de son père: la conquête de l’Occident… ?

 

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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 10:12

                        L’Hermite de la Butte du Soleil

                                        (Chroniques de voyage – Blog-notes N°43)

 

        Laissez-moi vous présenter l’endroit où je m’abrite quand je suis dans cette ville. C’est un havre de paix, calme, solitaire et rassurant à proximité immédiate du kilomètre « 0 » à Buda, sur la Rive Droite du Danube. En plein centre de la capitale, et pourtant l’on y est tout à fait isolé du maelstrom qu’est cette grande cité bruyante, grouillante, abrutissante. Mes 27 m2 donnent sur un grand jardin dont la partie en face de mon logis m’appartient «par droit d’usage». Quartier «chic» jadis, les «chers  camarades» se l’ont approprié à souhait. Leurs progénitures font à présent de juteuses affaires en revendant le patrimoine d’autrui sur lequel leurs vieux ont mis main basse. Les prix grimpent allègrement. Par chance, il y a une quinzaine d’années des amis m’ont cédé, pour une bouchée de pain, trois pièces minuscules, anciennement buanderie et débarras que la municipalité avait mises à leur disposition. J’en ai fait un «chez moi» de «passage» sans fioritures. La plupart des propriétaires de la dizaine d’appartements sont des Hongrois expatriés. L’immeuble, d’une splendeur révolue, est délabré, pareil au voisinage. Le jardin est laissé à l’abandon. Mais ça ne fait qu’ajouter à son charme: herbes folles, buissons poussant à leur fantaisie, arbres centenaires se déployant à la diable vous cachent du monde extérieur. Enclin par nature à la méditation, je me sens bien dans ce décor ‘Songes d’une Nuit d’Eté’. Et tout ça se trouve au faîte d’une hauteur que les autochtones ont affublée de l’appellation quelque peu fallacieuse du «Mont» du Soleil, que je vous désigne, plus modestement, «Butte» et d’où, par endroits, on a des vues superbes sur Pest (*) qui s’étale, sensuel, sur la pleine de la Rive Gauche. Regardez-moi, confortablement installé dans mon rôle de « l’Hermite de la Butte du Soleil ».

 

* Vous le savez déjà : ce nom se prononce  « Pechte » … !

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28 mars 2008 5 28 /03 /mars /2008 11:29

                       « Mais, mais voir un ami qui est mal…!»

                                          (Chroniques d’un voyage  -  Blog-notes N° 42)

 

        On le redoutait, mais on n’y croyait jamais vraiment. Qu’un jour il pourrait nous quitter. Cela peut arriver aux autres, pas à lui! Puis, début Janvier: patatras! De leur domicile budapestois, sa femme, Krisztina, appelle Ninon à Londres, pour lui annoncer que Pichta a eu un infarctus et est à l’hôpital. Ninon me passe un coup de fil aussitôt, chez moi à Paris. Depuis, on s’appelle chaque jour, pour se dire tout ce qu’on sait de lui, Kemény Istvàn. Notre aîné d’une dizaine d’années, il avait été prof dans le fameux lycée «Apàczai», en ’48-’49, avant de devenir l’Ami pour la vie. Depuis que je séjourne à Pest (*) je le visite le plus souvent possible. Je suis pas à pas sa lutte contre la ‘camarde’, en supporter anxieux. Il avait été tout pour moi, qu’un ami peut être. Soutien, conseil, oracle, confident. Pas «copain» car la relation «prof–potache» avait perduré entre nous, ce qui renforçait davantage nos liens d’amitié. Opposé à la dictature, condamné après ’56, libéré 4 ans plus tard, sociologue éminent, il conduit des études sur la pauvreté en Hongrie parmi la minorité tsigane. «De la pauvreté chez nous?! Balivernes!» Le pouvoir lui suggère «l’exil volontaire». Il débarque à Paris en 1976. L’on ne se quitte plus guère depuis. Je l’héberge d’abord dans la maison où j’habite. Ensuite, quand il est rejoint par sa femme Krisztina, je les aide dans tous leurs déménagements: rue Mayet, rue du Sabot, rue du Général Estienne, rue d’Hautpoul. On se voit régulièrement, je puis m’occuper d’eux même à Barcelone où ils passent en touristes, au moment d’un tournage TV que je supervise là-bas… En 1991 je le ramène en Hongrie en voiture. Il y occupe de postes importants jusqu’à sa retraite… Je m’accroche à l’ardent espoir qu’il réussira son combat et lui dis: «Pichta, ne nous quitte pas!» 

 

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*je vous en prie: prononçons Pechte, merci!

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27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 14:34

          Délices des Jeux de l’Amour - Affres des Jeux de la Jalousie

                                       (Chroniques d’un voyage  -  Blog-notes n° 41)

 

        De passage dans la ville où je fus « ado » jadis, je hume les parfums de mes amours d’antan. Des visages surgissent au détour d’un coin de rue où des silhouettes qui me précèdent me remplissent d’un vague trouble, par la ressemblance imaginée ou réelle de figures et de formes qui m’apparaissaient  proches et familières autrefois. Je suis l’homme invisible qui revient à pas de loup sur les lieux dont le souvenir l’attire avec force et douceur à la fois. J’avance en fantôme et des prénoms de femme font leur sarabande autour de ma tête. De délicieuses réminiscences surgissent et bercent mon cœur d’une mollesse joyeuse: les traces des amours pures et innocentes bordent mes promenades. Frôlements imperceptibles de doigts, caresses immatérielles d’une mèche de cheveux, l’haleine parfumée, bue goulûment en cachette, la demande timide d’un chaste baiser refusé à regret. Le temps, figé jusque là, s’emballe soudain et me propulse au-delà de mes 30 ans. Là, les corps désirés deviennent réalité, leur possession: volupté quotidienne. Les étreintes amour - passion prolifèrent. Le plaisir en jaillit et fait mal. Et la peur s’installe. La peur de la perdre, Elle. Nul besoin de soupçons. Il suffit de L’imaginer dans les bras d’un autre. La jalousie sans objet prend les devants. Il faut être le premier à tromper. La voisine aux seins irrésistibles s’offre à moi. Je la violente presque, Armelle, brutalement. Elle adore ça, en redemande. Plus tard, on fait l’amour à trois. Mais plus il y a de délices, plus j’en souffre. Le triangle perd sa magie, même malgré Dyna. Contre l’inévitable, la lutte est vaine. L’enjeu, la garder, me dépasse, est au-dessus mes forces. Et, un jour, elle n’est plus là. Je manque d’en crever. Mon salut, c’est que j’ai ma fille qui a besoin de moi.

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 23:00

                                 Une école de rêve

                                       (Chroniques de voyage – Blog-notes N°40)

 

        Cela remonte à 1948. J‘avais quinze ans. Je venais d’être admis à   «lécole miracle», imaginée par des rêveurs romantiques, au milieu de la dictature naissante. Cette «folle entreprise» ne vécut que 2 ans. ‘En friche’ pour un temps, l’Education Nationale rendit possible ce coup d’essai: créer «un lycée laboratoire» avec des enseignants «brillantissimes» (âge moyen en dessous de 30 ans). Nous, la 1èrepromotion, (vingt garçons et presque autant de filles) fûmes séparés, par sexes, pour nos cours. Le reste du temps on passait en «mixité», dans les salles d’études. Nous prenions nos repas au réfectoire, ensemble. Nos dortoirs se trouvaient au bâtiment central. Les filles dormaient dans une petite maison toute proche. Le programme, établi par chaque prof, était «polycopié» par nos soins et distribué avant les cours. La vie commune en internat était réglée par nous-mêmes. Le plan initial prévoyait une promotion chaque année, jusqu’au «plein» d’un lycée complet (de 14 à 18 ans). Les deux premières ne furent jamais suivies de troisième. Juin ’49, l’école collège «Apàczai Csere Jànos» (*) fut supprimée. Nous étions une menace pour le pouvoir: nos profs (avec qui nous étions «à tu et à toi») entendaient nous «sculpter» en êtres responsables, d’esprit indépendant et critique, ce dont la tyrannie ne peut s’accommoder. Mais je pus profiter de ces 2 ans à un point tel qu’à la rentrée j’entrai à l’Université, Section Théâtrale, avec dispense du baccalauréat. (Au concours final je récitai «Être ou ne pas être» d’Hamlet en Anglais, grâce au travail accompli avec mon prof à l’Ecole). L’autre jour je me rendis dans ce quartier de Budapest. Je restai devant l’immeuble un long moment, nue tête. Les larmes essuyées du revers de la main n’avaient rien à voir avec le vent glacé et mordant.

 

*Erudit Protestant de renom et écrivain du 17ème siècle. Né le 10 Juin 1625 à Apàca, Transylvanie, Hongrie (à présent Roumanie). Mort le 21 Décembre 1659 à Kolozsvàr, Transylvanie, Hongrie (à présent Roumanie).

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24 mars 2008 1 24 /03 /mars /2008 06:58

                               Happy Birthday to Me ! *

                                     (On n’est jamais si bien servi … Blog-notes N°39)

 

        Aujourd’hui j’entame mon 75ème (soixante quinzième) printemps, je peux dire aussi: mon quatrième quart de siècle. Conformément au principe que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, l’idée m’est venue de me faire une petite fête à moi tout seul. Ne me traitez pas d’égoïste, puisque, justement, je suis tout seul ces jours-ci: alors il n’y a pas de mal à être joyeux et, de toute façon, un tel événement mérite d’être marqué. Du reste, ce n’est pas très compliqué à l’organiser, cette fête: je ne bois plus d’alcool, je dois ménager mon cœur, manger sans sel et bien surveiller mon cholestérol. Par conséquent c’est un grand verre d’eau pure que je vide à ma santé dans le minuscule cabinet de travail de mon pied à terre budapestois. Ne me plaignez point pour autant, je me sens très bien dans ma peau. Je suis valide, le pain quotidien m’est assuré grâce au bon Dieu et à la pension de retraite que m’accorde la République Française. Et, surtout, j’ai appris, au crépuscule de ma vie, quelque chose qui tient en trois, quatre mots: « Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau; je ne peux pas mieux dire, il fait très beau! » J’emprunte cette phrase à Jean-Loup Dabadie (qu’interpréta si merveilleusement Jean Gabin), car dans ma vie il fait très beau également parce que j’aime et que je suis aimé…Et ne vous moquez pas non plus de moi si, la tête chenue, je me déclare amoureux à la manière d’un gamin de quinze ans, sous prétexte que j’en ai une soixantaine en plus! Souvenez-vous du grand succès de Michel Sardou: « Elle court, elle court, la maladie d’amour, dans les cœurs des enfants de sept à soixante-dix-sept ans… » Je vous donne donc rendez vous dans deux ans et on en reparlera. Et sachez aussi que quand on s’est connus, j’avais 60 ans. Cela fait quinze ans déjà, alors ?!

 

* Bon anniversaire à moi !

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23 mars 2008 7 23 /03 /mars /2008 15:54

                    Que vont-elles faire à Rome, les cloches ?

                                     (Chroniques de voyage  -   Blog-notes N°38)

 

        Les Hongrois disent: «Autant d’habitudes que de maisons». Les usages festifs traditionnels sont différents, suivant les pays où ils sont pratiqués. Mérimée nous engageait à respecter les «us et coutumes» des pays où l’on voyage. Au moment des fêtes pascales je ne parlerai que d’une cérémonie traditionnelle que l’on ne pratique pas en France. Le Lundi de Pâques, les «mâles» donnent un «coup d’arrosoir» à la gente féminine, de peur qu’elle ne se fane. Maîtresses de maison, demoiselles, petites ou grandes, attendent chez elles ceux qui viennent «les arroser». Honni soit qui mal y pense, c’est fait en tout bien tout honneur. On aura préparé, pour les «récompenser», œufs durs coloriés, oeufs en chocolat, confiseries et gâteaux pour les petits, collations et boissons pour les grands. Dans les villages les filles ont droit à des «sceaux d’eau» pour les mouiller de la tête aux pieds. Touristes étrangers s’abstenir! En milieu urbain «l’arrosage» se pratique avec du «patchouli» plutôt que du parfum de qualité. Et les cloches, dans tout ça? En 1456, dans sa «bulle à prières», le pape Callixte III ordonna à la chrétienté de faire sonner les cloches à midi pour commémorer la victoire sur les Turques à Nàndorfehérvàr (présentement Belgrade) de l’armée hongroise de Jànos Hunyadi, fait d’armes ayant sauvé l’Europe chrétienne de l’envahissement musulman. Le Vendredi et le Samedi Saints les cloches sont muettes à la mémoire du supplice de Jésus. C’est là où on dit qu’elles vont à Rome. La légende veut qu’en 1674, dans la tour de la Basilique St Pierre, le sacristain trouva un jeune Hongrois nommé Kopeczky, qui fit le voyage, s’étant attaché au battant de la Vieille Cloche de sa Késmark natale. En voilà un, venu visiter la Ville Eternelle «à cloche-pied…»

 

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22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 08:51

                          L’homme de Poughkeepsie

                                      (Galerie de portraits – Blog-notes N°37)

 

        Il a débarqué chez moi fin ’59, venant du Bourget, (envoyé par un ami new yorkais), rue du Pré Saint Gervais, à deux pas de la boulangerie industrielle «SIDA». George avait pour tout bagage un sac d’écolier sous le bras. Je lui demandai d’où il venait? «Poughkeepsie» fut sa réponse. Il me conta son histoire. Ses parents déportés, sa mère seule survécut. A moitié morte, les Américains l’évacuèrent en Californie où elle guérit. Lui, resté à Budapest, fut sauvé par des amis. La Révolte de ’56 ayant éclatée le 23 Octobre, il se présenta le 24 à l’Ambassade U.S. de Vienne. Le surlendemain il fut déjà à Newark et le jour après, au QG de «IBM», à Poughkeepsie, à une centaine de bornes au nord de New York. La marque géante lui fit don d’un «mobile home» et l’employa dès le 1ernovembre dans l’un de ses ateliers. Ce fut la carrière la plus rapide d’un réfugié hongrois dans l’Hémisphère Nord. Il en eut assez cependant et revint en Europe. Je le logeai dans une minuscule chambre. A partir de là, il fut un «free-lance» jusqu’à la fin. Fort en électronique, je le casai «éclairagiste» dans un spectacle: «La Vie de Jeanne d’Arc», avec Colette Renard, mise en scène par Louis Daquin au Cirque Médrano. Il passa chez Ariane Mnouchkine, à la «Cartoucherie», travailla longtemps chez Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud au Théâtre du Rond Point. Il avait Hannah pour compagne, transfuge de l’Allemagne de l’Est, avec qui il eut un fils, Armine. Mais il vécut plutôt en célibataire, dans son deux pièces au Pré St Gervais.Il tenait une liste précise de toutes ses maîtresses qu’il choisissait plutôt laides (elles étaient selon lui «plus reconnaissantes»). L’homme de Poughkeepsie fut frappé par la maladie terrible. Le voisinage de cette boulangerie n’a pas dû lui porter chance…

 

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20 mars 2008 4 20 /03 /mars /2008 23:16

           Ville de mon adolescence, Tu te laisses aller !

                                   (Blog-notes N°36  Chroniques d’un voyage)

 

        Une Ville est une créature vivante. Son devoir est d’attirer, capter, séduire, en grande coquette. Affriolante, elle doit plaire. La comparer avec la Femme est flagrant: pour éviter qu’on la quitte, Ville et Femme ont le devoir d’user de leur séduction pour retenir ceux qu’Elles ont conquis. C’est une lutte de tous les instants, une bataille qui n’en finit jamais. Heureusement, se maintenir en beauté est simple et peu coûteux: la volonté de rester propre, soigné, d’apparence agréable. Là est le secret des mariages heureux et durables. Mais je quitte la métaphore pour m’adresser, les yeux dans les yeux, à cette «personne en danger», Ville/Femme que j’aimais avec la passion de mes 15 ans, pour lui dire: «Budapest (*) capitale de mon adolescence, tu te laisses aller! Toi, que la Nature a si généreusement pourvu de beautés, du  Danube qui caresse les pieds de tes collines, enlace tendrement l’île Marguerite, ce joyau superbe, rafraîchit le bois enchanteur du Mont Gellért…(**) Eh bien, ces merveilles sont laissées à l’abandon, arbres et plantes, dans tes espaces vertes, ébouriffés à la diable, faute de soins et d’élagage, tes trottoirs écornés et sales, tes immeubles aux façades mal fagotées, faute d’entretien, tes chaussées aux innombrables nids de poule, les mauvaises herbes envahissant tes trottoirs: ne t’aperçois-tu pas que tu es défigurée presque irrémédiablement?! Que tes jeunes commencent à te déserter, pour aller sous des cieux plus accueillants ? Ressaisis-toi, ma ville que j’ai tant aimée, secoue-toi une bonne fois, chasse donc cette malédiction qui te tient entre ses griffes, redeviens la «Perle du Danube» que tu fus autrefois, et je te dirai, avec les paroles d’Aznavour: «J’aimerais  que tout contre mon cœur tu te laisses aller, tu te laisses aller…!» 

 

*  Prononciation correcte: «BOUDAPECHTE» (pour éviter la consonance de  ‘peste’)

**Prononcez: «Guellérte» (St Gellért, missionnaire martyre précipité dans le fleuve du haut de cette colline)

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