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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 15:06

«J’t’en veux pas mon vieil Iscariote...»

        (Chroniques de voyage – Blog-notes N° 059)

 

        A Budapest, les collines de la Rive Droite du Danube, sont autant d’appels à des promenades printanières. En balade, devant une maison en ruine, surgit dans ma mémoire un souvenir vieux de plus d’un demi-siècle. Celui qui l’habitait et que je tenais pour un copain n’est plus ici-bas. On étudiait à l’Académie Théâtrale, à Moscou, dans les années 1950. J’avais 17 ans à peine, un de ces enfants prodiges dont la dictature était friande, pourvu qu’il fût façonné à ses goûts. Par contre, lui faisait partie des enfants terribles capables de tout pour parvenir. Moi, j’avais vite fait pour ajouter à l’amour des arts, l’amour tout court. Seulement, ma dulcinée était bulgare. Selon la loi soviétique tout mariage était impossible à conclure entre ressortissants étrangers. Courir le guilledou fut donc prohibé, pour nous autres étudiants, auprès de quelqu’un avec un passeport différent du nôtre. Les codes de bonnes moeurs socialistes avaint leurs exigeances infrachissables pour quiconque. «Limitez-vous à vos études, Camarades, sans vous adonner aux relations irresponsables, vue l’impossibilité de les conclure par mariage!» Je faisais la sourde oreille, face à ces consignes iniques, révolté par cette intrusion dans ma vie la plus intime. Mon camarade m’ayant dénoncé, je fus mis à pied et renvoyé à la fin de l’année scolaire, ma carrière brisée. Les changements politiques de cette année 1953 firent annuler la décision. Mais mon enthousiasme juvénile vis à vis des idéaux généreux d’un régime hypocrite fut altéré à jamais: 3 ans plus tard j’ai rompu les amarres en quittant la terre de mes ancêtres. Le sort me permit de passer le reste de ma vie dans des conditions dignes et humaines. Sans parler de la revanche qu’il m’offre à stigmatiser un passé d’enfer, véritable honte historique ayant martyrisé des êtres humains par millions, dont les survivances restent vivaces, dont ceux de mon âge, ici, n’en peuvent plus mais...à l’heure actuelle encore.

 

 

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